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Théoriquement, Mat est mat et Willis brillant, - c'est d'ailleurs ainsi que décidera de le nommer Brian - l'ineffablement désirable Pénélope à la fin du livre. Théoriquement, Mat échoue dans toutes ses tentatives amoureuses et Willis ne sait comment échapper à une cohorte d'admiratrices éblouies. Théoriquement, Mat est un modeste arrangeur de chansons, nègre musical d'un imprésario vaguement aigrefin, et Willis un Fregoli du négoce, tour à tour rédacteur de fiches à Allô femme de ménage !, brocanteur, soigneur de boxeur, chauffeur de taxi et gardien de banque.
Théoriquement, Mat est un tâcheron et Willis bénéficie d'un don remarquable, mis au jour par un psychologue à l'occasion d'un test. C'est du moins ainsi que se voient réciproquement, dans leur récit alterné, nos deux héros. Mais à ce jeu de facettes miroitantes comme une boule de cristal dans un bal populaire, qui peut distinguer l'apparence de la réalité ? Il y a du Bouvard et Pécuchet, en beaucoup plus sympathique, dans ces personnages : c'est dire que la morale de l'histoire sera caustique.
Carlos Gardel, années trente, valse à trois temps - et une écriture éblouissante pour ce roman très drôle et subtilement érudit en matière de musique.
