Les Aventuriers de l'absolu - E-book - ePub

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Résumé

Pendant des millénaires, on lui a donné le nom de Dieu: après la Révolution française, l'absolu a été ramené sur terre sous forme (le Nation, puis de Classe ou (le Race. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent pas dans ces formes religieuses et politiques, sans vouloir renoncer pour autant à l'absolu. À chaque individu dès lors (le chercher, d'inventer son chemin. Trois grands artistes (lu passé récent, Oscar Wilde, Rainer Maria Rilke, Marina Tsvetaeva ont placé cette aventure au cœur de leur existence.
Non contents de créer des œuvres d'art inoubliables, ils ont voulu mettre leur vie même au service du beau et de la perfection. Cette quête a pourtant conduit le premier à la déchéance physique et psychique, le second à la dépression douloureuse, et la troisième au suicide. Pourquoi? Les Aventuriers de l'absolu est le roman de trois vies passionnées et tragiques. L'expérience de Wilde, Rilke et Tsvetaeva, explorateurs de l'extrême, n'est pas seulement émouvante, elle nous incite aussi à réfléchir: en quoi consiste une vie belle et riche (le sens? En s'attachant à comprendre ces destins, Tzvetan Todorov nous offre trois superbes portraits, et en même temps une réflexion sur l'art (le vivre.

Sommaire

    • L’« aventure » est à entendre ici en un double sens : ils n’empruntent pas des chemins bien balisés mais ouvrent des voies nouvelles ; et, intrépides, ils ne s’arrêtent pas prudemment à mi-chemin mais vont aussi loin que possible, au risque de leur bonheur, voire de leur vie : ce sont des explorateurs de l’extrême
    • C’est pour cette raison que leur expérience, sans ressembler à celle du commun des mortels, est éclairante pour tous
    • Il fallait qu’on ait affaire à des individus qui non seulement avaient aspiré à une forme de perfection, mais qui en avaient au préalable conçu le projet et qui l’avaient consigné par écrit
    • C’est le prix à payer pour qu’on puisse confronter théorie et pratique, jauger le projet à l’aune de sa réalisation
    • Cette condition nous oriente vers la vie d’êtres dont le rapport à l’absolu touche à leur profession même : ce seront des artistes, serviteurs de la beauté
    • Et, plus particulièrement, ceux parmi eux qui ont laissé des témoignages abondants, éloquents et fiables de leur expérience : donc des écrivains
    • Stefan Zweig, qui publiait en 1928 un essai intituléTrois poètes de leur vieet consacré aux destins de Casanova, Stendhal et Tolstoï, justifiait ainsi son choix : « Seul le poète peut être un Selbstkenner », c’est-à-dire celui qui se connaît lui-même.Tous les écrivains ne s’engagent pas dans cette voie, mais ceux parmi eux qui ont voulu le faire et ont laissé des traces écrites de leur tentative, offrent une riche matière pour notre exploration
    • On ne trouvera pourtant guère, dans ce qui suit, des pages de critique littéraire
    • Les œuvres, on le sait, ne permettent jamais d’accéder avec certitude à la vie de l’auteur
    • De plus, la question qui nous importe ne concerne pas la structure et le sens des œuvres, mais la possibilité ou non de prendre exemple sur quelques existences passées pour mieux régler la nôtre ; ou en tous les cas d’éclairer la nôtre par la leur
    • Qu’il s’agisse d’existences d’écrivains est une commodité, non une nécessité
    • La matière privilégiée sera donc constituée pour nous, non par les œuvres de ces auteurs, mais par leurs écrits intimes, là où ils parlent d’eux-mêmes, de leur choix de vie, de leurs réussites et échecs.Parmi ces écrits, complétés à l’occasion par d’autres sources, c’est la correspondance qui tient une place privilégiée
    • La lettre se situe à mi-chemin entre le purement intime et le public, elle s’adresse déjà à un autrui pour qui l’on se peint et s’analyse, mais cet autrui est un individu que l’on connaît, non la foule impersonnelle
    • Les lettres manifestent toujours une facette de leur auteur ? sans être pour autant une fenêtre transparente ouvrant sur son identité
    • L’expérience y traverse non seulement le tamis du langage, mais aussi celui qu’impose le regard du destinataire, intériorisé au préalable par l’auteur
    • Pourtant, en règle générale, elle ne connaît pas de tiers, de témoin étranger qui serait le destinataire véritable de l’écrit ; seule l’indiscrétion nous permet aujourd’hui de nous instituer en lecteurs anonymes de ces lettres, réservées originellement aux yeux d’une seule personne.Une seconde exigence qui a pesé sur mon choix est d’ordre historique : j’ai voulu m’interroger avant tout sur la période qui a précédé et préparé la nôtre
    • Les trois destins que je raconte appartiennent à la tranche d’histoire qui va de 1848 à 1945 ; plus exactement, ils se nouent au cours d’une soixantaine d’années, entre 1880 et 1940
    • Ces personnes ne se sont jamais rencontrées entre elles, même si elles ont failli le faire ; les cadets ont pourtant bien connu l’existence des aînés.La dernière condition du choix a trait aux frontières dans l’espace
    • Le rêve de rendre sa vie belle et riche de sens d’une manière décidée par l’individu n’appartient à aucun pays en particulier, il est universel ; il a toutefois atteint sa plus grande ampleur en Europe
    • Si j’ajoute à cela ma relative familiarité avec l’histoire moderne de ce continent, on comprendra pourquoi j’ai choisi de m’en tenir aux personnes qui en proviennent
    • Or il se trouve que mes auteurs ont habité justement le continent, et non leur seul pays natal
    • Wilde était irlandais, il a pourtant vécu non seulement en Angleterre mais aussi en France et en Italie
    • Rilke, particulièrement rétif à la vie sédentaire, est né à Prague, alors en Autriche-Hongrie, il a séjourné longtemps en Allemagne, en France, en Italie, plus brièvement en Espagne et au Danemark, avant de s’installer, à la fin de sa vie, en Suisse
    • Tsvetaeva grandit en Russie, mais vit ensuite en Allemagne, en Tchécoslovaquie et en France
    • Ce sont trois Européens, bien représentatifs du destin européen d’une idée qui, elle, appartient à l’histoire de l’humanité
    • Aucun d’entre eux n’est français, pourtant tous trois entretiennent avec la France une relation forte
    • Non seulement parce que, zélateurs du beau, ils connaissent et admirent la poésie et la pensée de Baudelaire ou d’autres auteurs français
    • C’est aussi que, en ces années-là, Paris joue le rôle de capitale européenne de la culture
    • Ils y viennent, y habitent, y fréquentent les milieux littéraires, et vont même jusqu’à écrire certaines de leurs œuvres en français, cette langue d’emprunt : ainsi Salomé de Wilde, le recueil de poèmes Vergers de Rilke, la Lettre à l’amazone et autres textes de Tsvetaeva
    • Cette condition d’étrangers à Paris me les rend sans doute particulièrement chers
    • On ne peut dire pour autant que leur bienveillance à l’égard de la France ait toujours été payée de retour
    • Lors de sa première visite à Paris, Wilde est reçu et fêté partout, on admire son brillant esprit et son élégance
    • « Je suis un Français de sympathie », déclare-t-il avant de repartir
    • Lorsqu’il revient quelques années plus tard, rien n’est plus comme avant : entre-temps a eu lieu en Angleterre son procès pour offense aux bonnes mœurs, et c’est après avoir purgé sa peine qu’il cherche asile en France
    • Plus aucune cour d’adorateurs ne l’entoure, et Wilde constate amèrement : « Ces Parisiens qui léchaient mes bottes de conquérant il y a dix ans prétendent aujourd’hui ne pas me voir »
    • André Gide, qui faisait naguère partie de sa cour, accepte de le revoir ? mais c’est pour lui faire la leçon
    • Le destin parisien de Rilke suit une trajectoire inverse
    • Il commence dans la solitude et le rejet ; les premières phrases du récit qui évoque cette expérience disent : « C’est ici que viennent les gens pour y vivre ? Je penserais plutôt que c’est un endroit pour y mourir. » Rilke revient dans la capitale française longtemps après, reconnu maintenant comme grand poète de langue allemande et, peut-être plus encore, comme remarquable traducteur des auteurs français, Valéry ou Gide
    • Ceux-ci le reçoivent avec amabilité, mais il n’est pas dupe ; à son départ de Paris, il écrit à une amie : « J’ai vraiment atteint à peu près tous ceux qui se laissent atteindre ? je les ai trouvés (…) aussi prévenants que prompts à oublier, occupés, occupés avant tout à garder de toutes façons leurs distances! »
    • Désireux, en 1922, de se joindre à l’hommage que la NRF rend à Proust, un auteur qu’il admire depuis longtemps, il se voit opposer un veto de la part du frère de Proust : « Qu’aucun écrivain allemand ne s’approche de cette tombe ! » En revanche, la presse allemande l’accuse de trahison : il publie maintenant des poèmes dans la langue de l’ennemi… Tsvetaeva, elle, sera ignorée par ses collègues littéraires depuis le début jusqu’à la fin de son séjour en France, long de quatorze années
    • Ses rencontres fugitives avec les écrivains français restent sans lendemain, ses lettres à Gide ou à Valéry, sans réponse
    • Ses nombreuses tentatives pour publier ses textes français échoueront, ses traductions des poètes russes en français ne seront guère mieux accueillies
    • Au moment de quitter le pays, elle écrit un dernier poème dans lequel elle assimile son sort à celui de Marie Stuart, partie de France vers l’Angleterre où l’attend l’échafaud
    • Le poème s’intitule Douce France, et il porte en épigraphe cette formule de Marie Stuart , répétée trois fois et signée : « Adieu, France ! Adieu, France ! Adieu, France ! »
    • Voici le texte de ce bref poème :« Plus douce que la FranceN’est pas de contrée.En toute souvenanceDeux perles m’a donné.Elles restent immobilesAu bout de mes cils.J’aurai un départA la Marie Stuart. »Pourquoi raconter cette page particulière du destin de nos trois aventuriers de l’absolu ? Pour mettre d’emblée en garde : le récit qui suit n’est pas celui d’un triomphe
    • Mais c’est justement dans la distance entre rêve et réalité, entre projet de vie et vérité d’existence que nous chercherons notre matière à réflexion.

Caractéristiques

  • Date de parution
    03/03/2011
  • Editeur
  • ISBN
    978-2-221-12166-5
  • EAN
    9782221121665
  • Format
    ePub
  • Nb. de pages
    242 pages
  • Caractéristiques du format ePub
    • Pages
      242
    • Taille
      1 040 Ko
    • Protection num.
      Digital Watermarking

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À propos de l'auteur

Biographie de Tzvetan Todorov

Tzvetan Todorov, Bulgare d'origine et Français d'adoption, est historien et essayiste. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Mémoire (lu mal, tentation du bien (Robert Laffont, 2000), Devoirs et Délices, une vie de passeur (Le Seuil, 2002), une autobiographie intellectuelle, et Le Nouveau Désordre mondial (Robert Laffont, 2003).

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