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L'ère de la machine ne faisait que commencer à l'époque de Freud. Depuis, la technique a inventé des possibilités de manipulation de l'absence et du temps, de reproductibilité de l'imagerie du corps, de la parole : l'être humain est désormais un sujet appareillé. Plus que de siècle, nous avons changé d'ère : nous sommes passés de l'ère Gutenberg à l'ère numérique. Remettre l'histoire de la psychanalyse en mouvement c'est rencontrer ensemble cauchemars et histoire, jusque dans cet autoportrait de l'Homme aux loups en Hitler que Vladimir Marinov nous fait regarder.
Lors de la Première Guerre mondiale l'apport de la psychanalyse a été de faire reconnaître le facteur psychique dans les névroses de guerre. Après la seconde, le concept de névrose traumatique a été remplacé par " le syndrome du survivant ". Ce " nouveau concept " veut dire qu'il n'y en aura pas d'autre après lui. Que l'on se serve de ses connaissances, la psychanalyse, le voudrait-elle, ne peut l'empêcher.
Et elle l'a toujours souhaité. Cependant, contribuer à " préparer " les soldats à tuer et à être tués n'est pas la même chose que contribuer à arrêter le recours à la guerre ; contribuer à " préparer " les civils à l'agression de l'autre n'est pas la même chose que transformer la pulsion à agresser. Et " survivre " n'est pas vivre. " La sagesse ou l'oubli, choisissez " écrit Bion. L'oubli, non pas comme fonction manquée de la mémoire, mais comme action de la pulsion à ne pas connaître (-K).
