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Ce livre est un manifeste. Qui en appelle à l'œuvre. Contre le " drame narcissique de notre temps " (Pierre Legendre).
Dans le fil d'une tradition ouverte par Rousseau, il explore ce que sont, aujourd'hui, les enjeux et les effets les plus périlleux de la culture : il montre qu'en nourrissant les formes les plus suspectes de l'identité - dont celle qu'on nomme " l'exception française " - la culture elle-même peut paradoxalement conduire à une barbarie.
Barbarie dissimulée sous les oripeaux de notre ultra-modernité, dont le livre tente d'éclairer la mythologie.
Ce qui se joue notamment autour des notions de " patrimoine " et d'" art contemporain " apparaît comme le symptôme d'une nouvelle aliénation : celle de notre rapport au temps, de notre rapport vivant à l'histoire, passée, présente autant qu'à venir.
Pareille mythologie repose sur une esthétique au caractère " suranné " (Adorno) : l'idéalité de l'art et le primat de la subjectivité, le flou des genres artistiques et l'impensé de l'image, sont autant d'invariants et de présupposés selon lesquels l'œuvre d'art se voit dépossédée de sa force de transgression et de métamorphose.
Et qui ruinent la force productive de l'imagination.
Il faut donc aller de l'art à l'œuvre. Pour saisir l'art à l'œuvre. Parce que l'œuvre seule est capable de cette symbolisation qui donne sens et figure à la puissance du négatif. Parce qu'elle seule travaille dans ce plan de l'imaginal où peut s'opérer la construction active de notre temporalité. Parce qu'elle est cette force du lien qui ouvre, en symbole, à la dimension politique de l'altérité, de la communauté, et de la responsabilité.
