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Comment en est-on arrivé à l'effroyable crise algérienne ? Que signifie le limogeage " en douceur " de Zeroual par un " coup d'Etat de Cour " (annoncé le 11 septembre 1998), un remake de l'élimination politique de Chadli par le coup d'Etat tout court du 11 janvier 1992, suivi par l'élimination physique pure et simple de Boudiaf le 22 juin 1992 ? Quel jeu mène une " communauté internationale " impliquée dans la guerre civile algérienne comme dans le génocide rwandais ou l'épuration ethnique serbo-croate ? A ces questions et quelques autres, capitales - pas uniquement pour l'Algérie - vient répondre ce livre par un examen clinique du " mal algérien ", son diagnostic et le pronostic de ses développements futurs, mais aussi des propositions précises et concrètes pour son traitement politique.
Cette radioscopie de la crise sonde ainsi les tréfonds de l'âme amazigh, la complète islamisation et une arabisation plus inégale du pays, une marginalisation ottomane de trois siècles relayée par une aliénation coloniale de 132 années. Comme elle passe au crible la confiscation de la Révolution par un pouvoir militaire dont le triple ratage politique, économique et socioculturel a débouché sur la guerre civile - qui fait rage encore - en ce jour de 5 octobre 1988 où un immense soulèvement de la jeunesse fut noyé dans le sang.
Le ton incisif de l'ouvrage et sa rigueur démonstrative en rendent la lecture vivante et convaincante. C'est que l'auteur, possédant son sujet de façon intime, charnelle et néanmoins rationnelle, enlève son œuvre dans un jaillissement : cri du cœur et révolte de la raison contre l'insoutenable tragédie ! A la veille d'échéances décisives - telle, mais pas seulement, la présidentielle anticipée du printemps 1999 - le destin du pays semble hésiter entre l'apaisement civil et l'explosion anarchique.
L'ambition de Samy Hadad est de contribuer à une prise de conscience salutaire pour " arrêter le massacre ! ".
