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Tchekhov est avant tout connu comme dramaturge. Qui ne connaît La Mouette, Oncle Vania ou La Cerisaie ? Le poète de la nostalgie et de l'amour impossible nous est devenu familier. Mais en est-il de même de ses récits ? C'est moins sûr, et le propos de cet ouvrage est de faire connaître les récits de Tchekhov à un large public. On parle volontiers à ce sujet d'un Maupassant russe, mais c'est une approche peut-être insuffisante - que cet ouvrage se propose de compléter.
Si la brièveté et la sobriété le rapprochent de Maupassant, il faut tout de même ajouter qu'il y a une " philosophie " de Tchekhov, une vision du monde et de la destinée humaine qui lui est propre. Marqué par diverses influences, en particulier la philosophie de Schopenhauer, il fait dans ses récits la synthèse des différents courants de pensée qu'il a rencontrés au fil de ses lectures, le stoïcisme de Marc-Aurèle, mais aussi le symbolisme de Maeterlinck.
Dans le contexte russe des années 1880, il est en opposition tout autant avec le populisme qu'avec le mysticisme orthodoxe et occupe de ce fait une place à part. Son éthique de la vérité l'amène à évoquer sans complaisance ni pathos les réalités pénibles de la société russe de son temps et à en tirer une philosophie centrée sur la prise de distance d'avec les conformismes sociaux et intellectuels et l'exigence d'un perfectionnement humain par la contemplation esthétique.
