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À la croisée de l'histoire socioculturelle et de l'histoire orale, ce livre retrace l'histoire des pratiques de lecture d'une communauté ouvrière cégétiste à Saint-Étienne du Rouvray dans la banlieue rouennaise. Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette monographie plonge le lecteur au plus profond des mutations culturelles du XXe siècle. A partir de la " parole " ouvrière, l'auteur propose en effet un autre voyage en culture ouvrière à deux échelles, celle de la communauté et celle de l'individu.
Il s'efforce de comprendre comment un lecteur intègre ou non les objets lus dans son univers mental pour construire, modeler ou même reconstruire ses représentations. A cette fin, il offre une reconstruction des types et des parcours de lecture de cette communauté ouvrière tout en cernant les attentes des lecteurs. Il met en valeur les intermédiaires culturels soulignant ainsi l'influence de l'engagement syndical à la CGT, le rôle des bibliothèques d'entreprise et des bibliothèques municipales.
Puis, à travers trois pistes de recherche - la lecture de la presse et la construction de la culture politique, la lecture des romans et l'appropriation d'une culture littéraire, les lectures sur la Deuxième Guerre mondiale et les processus de la construction de la mémoire historique - il tente de saisir l'univers mental de cette communauté de lecteurs ouvriers. Enfin, le livre se clôt par des portraits de lecteurs et lectrices mettant en valeur la singularité de leurs parcours bibliographiques.
Il démontre ainsi la fécondité de l'histoire orale pour l'histoire socioculturelle : ne permet-elle pas d'affiner la compréhension des pratiques de lecture en milieu ouvrier à la fois dans la sphère privée et l'espace du travail ?
