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La dérision est une donnée immédiate de la conscience. Mieux que cela, elle jaillit de la conscience historique de l'homme. C'est qu'elle montre une aptitude innée à mettre en scène avec intensité, alternativement ou simultanément, le comique de situation et le tragique. Elle est leur trait d'union, leur expression privilégiée, celle qui permet parfois de dire (ou au moins de signifier) l'indicible.
Entre dérision et condition humaine, il existe comme un rapport de consubstantialité. Surtout, la dérision est une force qui va : pareille au roseau de la fable, elle plie mais ne rompt pas, même sous l'action des pires systèmes répressifs. Quelque part, elle tient de la tentation irrédentiste : elle est la revendication d'un irrédentisme, celui de l'esprit qui refuse de se soumettre et tente de se penser dans le cours de l'Histoire.
Si l'homme est la mesure de toute chose, la dérision est la mesure de son être au monde. En lui donnant bonne mesure, elle le grandit et même le transfigure face à l'épreuve, à l'adversité. La dérision est une révélation, plus haute que toute sagesse
