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" Ne pas aider ces malheureux [incurables] à quitter la vie est barbare, cruel, inhumain ". Publié en 1919, cet art de mourir, s'il n'est pas le premier, reste toutefois le plus connu des manifestes en faveur de l'euthanasie volontaire. Texte polémique, violent, parfois choquant - pour nos sensibilités contemporaines - il ne s'inscrit pas moins dans une certaine modernité. De quoi s'agit-il ? Ni plus ni moins de la gestion, par l'individu, de sa vie et de sa mort.
Ainsi, avec un demi-siècle d'avance, Charles Binet-Sanglé décrit ce que Michel Foucault pensera sous la notion de bio-pouvoir. Mais ce n'est pas tout. Ce médecin militaire, professeur à l'Ecole de Psychologie, montre par ailleurs l'importance qu'il convient d'accorder - fait nouveau pour l'époque - à la douleur. Il préfigure par là tout un courant de pensée actuel sur l'unité du vivant. La souffrance n'est-elle pas, en effet, la chose du monde - vivant - la mieux partagée ?